L’acide folique et son rôle pour la grossesse
L’acide folique est une vitamine du groupe B (B9) essentielle au développement normal de la colonne vertébrale, du cerveau et du crâne du fœtus au cours des 28 premiers jours de la grossesse. Cette vitamine B9 joue un rôle crucial dans la prévention des malformations congénitales.
Une carence peut entraîner des anomalies du tube neural (ATN), dont la forme la plus courante, le spina-bifida. Cette malformation congénitale se manifeste dans les premières semaines de grossesse; elle empêche la fermeture adéquate du tube neural. La colonne vertébrale ne peut donc pas se développer de façon normale. Cela entraîne des difformités ou des problèmes de fonctionnement au niveau de la moelle épinière, du cerveau ou du crâne.
Comme bien de femmes ne savent pas qu’elles sont enceintes avant d’avoir terminé leur premier mois de grossesse, il est important de prendre une dose quotidienne d’acide folique suffisante à partir de trois mois avant la grossesse. Un apport suffisant au cours des 28 premiers jours de grossesse peut réduire significativement le risque de malformations du tube neural.
Si vous planifiez une grossesse ou venez de découvrir que vous êtes enceinte, faites-vous rapidement conseiller par un professionnel de la santé. Il évaluera votre bilan de santé et vos antécédents d’ordre médical ou génétique. Et pour plus d’informations sur la grossesse et la santé en général, n’hésitez pas à consulter le portail Michel Foucault, vous y trouverez une mine de conseils.
Avoir le bon dosage d’acide folique
La posologie recommandée varie selon votre profil de risque. Pour la plupart des femmes, 400 microgrammes par jour suffisent. Cependant, certaines situations nécessitent un dosage plus élevé.
Votre professionnel de santé pourrait vous prescrire une multivitamine contenant une dose plus élevée d’acide folique jusqu’à 10-12 semaines de grossesse si vous êtes dans l’une des situations suivantes :
- Prise de médicaments qui interfèrent avec l’absorption (ex. anticonvulsivants)
- Abus d’alcool, tabagisme
- Faible apport, malabsorption ou chirurgie gastrique
- Maladie du foie ou dialyse
- Diabète insulinodépendant
- Groupe ethnique à risque élevé (Celte, Chinois du Nord et sikh)
- Obésité clinique
Dosage spécifique selon les facteurs de risque
Les femmes présentant des antécédents familiaux d’anomalies du tube neural nécessitent généralement 5 mg par jour. Cette dose élevée doit être prescrite par un médecin et débutée idéalement 3 mois avant la conception.
Pour les femmes diabétiques ou épileptiques, le suivi médical renforcé est indispensable. Certains médicaments antiépileptiques peuvent interférer avec le métabolisme de l’acide folique, nécessitant un ajustement posologique.
Acide folique ou folate : y a-t-il une différence?
Quand vous lisez des articles, vous vous demandez peut-être quelle est la différence entre l’acide folique et le folate naturel. Le folate est un type de vitamine du complexe B qu’on retrouve essentiellement dans les aliments. L’acide folique est une forme synthétique utilisée dans la fortification des aliments et dans les suppléments vitaminiques.
Le folate se retrouve dans certains légumes verts, ainsi que dans certaines viandes et légumineuses. Il a été établi que la plupart des femmes en âge de procréer ont un apport insuffisant de folate à partir de leur alimentation. En particulier, celles qui ne consomment pas les catégories d’aliments qui contiennent soit du folate ou de l’acide folique. On peut citer par exemple les légumes verts (brocoli, épinard, petits pois, choux de Bruxelles), le maïs, les pois secs, les haricots secs, les lentilles, l’orange, le jus d’orange, le foie et les aliments enrichis.
En prenant un supplément contenant de l’acide folique, les femmes en âge de procréer augmentent leurs chances d’obtenir un taux suffisant de cette vitamine. Le professionnel de la santé qui fait votre évaluation vous conseillera quant à la quantité d’acide folique que devrait contenir votre multivitamine prénatale pour combler adéquatement vos besoins.
Biodisponibilité et absorption
L’acide folique synthétique présente une meilleure biodisponibilité que le folate naturel. Il est absorbé à 85% contre seulement 50% pour le folate alimentaire. Cette différence explique pourquoi les suppléments sont recommandés pendant la grossesse.
Certaines personnes présentent des polymorphismes génétiques affectant le métabolisme des folates. Le gène MTHFR, présent chez 10-15% de la population, peut réduire l’efficacité de conversion de l’acide folique. Dans ce cas, les formes méthylées peuvent être préférables.
Sources alimentaires riches en folates
Une alimentation équilibrée contribue significativement aux apports en folates. Les légumes à feuilles vertes constituent la source principale, avec les épinards apportant 194 μg pour 100g.
Les légumineuses représentent également d’excellentes sources : les lentilles cuites fournissent 181 μg pour 100g, tandis que les haricots blancs en apportent 140 μg. Les agrumes, particulièrement l’orange et le pamplemousse, complètent efficacement les apports quotidiens.
Les céréales enrichies constituent une source importante dans l’alimentation moderne. Depuis 1998, la fortification obligatoire des farines au Canada et aux États-Unis a considérablement réduit l’incidence des anomalies du tube neural.
Un effet protecteur potentiel contre d’autres malformations congénitales
Depuis plusieurs années, les chercheurs se penchent sur l’effet protecteur potentiel de l’acide folique concernant d’autres types de malformations congénitales. Les données scientifiques publiées jusqu’à maintenant semblent indiquer que la prise d’un supplément contenant de l’acide folique avant et pendant la grossesse pourrait réduire le risque de malformations congénitales du système cardiovasculaire, des membres et du système urinaire, de même que les fentes orofaciales et certaines autres anomalies, en plus d’avoir un effet préventif déjà largement démontré sur les ATN.
Des études récentes de 2024 suggèrent également un rôle protecteur contre les malformations cardiaques congénitales. Une méta-analyse portant sur 41 études a montré une réduction de 15% du risque de cardiopathies congénitales chez les femmes supplémentées en acide folique.
Si vous avez des questions à cet effet, discutez-en avec un professionnel de la santé qualifié.
Impact sur le développement neurologique
Au-delà de la prévention des malformations, l’acide folique influence le développement cognitif de l’enfant. Des recherches longitudinales démontrent des scores de QI légèrement supérieurs chez les enfants dont les mères ont maintenu des taux optimaux de folates.
L’autisme fait également l’objet d’études prometteuses. Plusieurs cohortes suggèrent une réduction du risque de troubles du spectre autistique chez les enfants exposés à une supplémentation précoce en acide folique.
Effets secondaires et précautions d’usage
L’acide folique est généralement bien toléré aux doses recommandées. Cependant, des doses excessives (supérieures à 1000 μg/jour) peuvent masquer une carence en vitamine B12, retardant ainsi le diagnostic d’anémie pernicieuse.
Certaines personnes rapportent des troubles digestifs légers : nausées, ballonnements ou perte d’appétit. Ces effets disparaissent généralement en prenant le supplément avec un repas.
Les interactions médicamenteuses restent rares mais importantes à connaître. Le méthotrexate, utilisé en rhumatologie et oncologie, antagonise l’acide folique. Les anticonvulsivants peuvent également réduire son absorption.
Quand commencer la supplémentation ?
La période périconceptionnelle s’avère cruciale pour l’efficacité préventive. Idéalement, la supplémentation débute 3 mois avant la conception et se poursuit jusqu’à la 12ème semaine de grossesse.
Pour les grossesses non planifiées, représentant environ 50% des cas, il faut débuter la supplémentation dès la confirmation de la grossesse. Même tardive, elle conserve des bénéfices pour le développement fœtal.
Les femmes en âge de procréer sexuellement actives devraient maintenir un apport quotidien de 400 μg d’acide folique, indépendamment de leurs projets de grossesse. Cette approche préventive optimise la protection en cas de conception inattendue.